Des cloches et du clocher

Une petite page de l’histoire s’est écrite à St Joseph dès le milieu du XIX° siècle : la voici , puisée au cœur des archives paroissiales, extraite de pièces autthentiques. La vie paroissiale à Saint Joseph s’écoulait, comme dans les autres paroisses voisines, «à l’ombre de son clocher », un clocher, semblable à bien d’autres églises, que Monseigneur François de HERCE avait souhaité, pour mettre « le Bon Dieu » au plus près des paroissiens. C’est à Monsieur LECHENANTAIS , architecte diocésain, qu’il s’adressa donc pour sa construction. Il n’avait pas encore cette forme « aplatie » qu’on lui connaît. «  Un facheux accident, survenu au cours d’un orage le 7 juin 1930, entraîna de gros dégâts sur le clocher et provoqua des travaux qui en modifièrent la silhouette et donnèrent bien du souci a son pasteur » nous rapporte Jean GUEHENNEUC, historien de l’Evêché, dont je salue ici la mémoire. Néanmoins , « les cloches » y sonnèrent depuis la fondation de cette succursale en 1846 pour les fêtes religieuses et les évènements marquants de la vie des paroissiens. Le 19 janvier 1913, Monsieur l’abbé CHATELL IER, curé de St Joseph, accueillait Monseigneur Pierre Emile ROUARD pour la bénédiction des nouvelles cloches. Nous avons eu le plaisir de lire l’original de son allocution écrite avec soin, d’une fine et régulière écriture, aux figures de style de son époque ; il rapporte : «Le 5 janvier 1847, le premier curé de cette paroisse, Mr l’Abbé Dubigeon, baptisait la petite cloche qui sonnait encore tout à l’heure à votre arrivée. » Cette première cloche a été commandée en 1846 aux fonderies Voruz avec tout le matériel nécéssaire à son installation aux frais de la fabrique de St Joseph. Nous en connaissons le coût : 905,12 francs (francs-or,bien entendu) et la facture précise que cette cloche pesait 246 kilos 500. Qu’est elle devenue ?? Les Cloches aujourd ’hui Elles ont toujours marqué les heures, les temps forts des fêtes paroissiales, les événements joyeux ou graves, baptêmes, mariages ou sépultures .un cantique est composé à ce propos  dont l’un des couplets évoque les joies et les deuils qu’accompagnent les cloches : « Vous égaierez toutes nos fêtes, Vous gémirez sur tous nos deuils, N’avez-vous pas des hymnes prêtes, Pour nos berceaux, pour nos cercueils. » Ces cloches ont sonné le tocsin. Notre historien , Jean Guehenneuc nous partage le drame: « Le samedi 1er Août 1914, Monsieur le Curé reçoit l’ordre de sonner le tocsin. C’est la mobilisation générale….. Et le 23 août, le glas a sonné pour le premier soldat tué de la paroisse, il avait 22 ans. 41 fois, la cloche sonnera le glas. » Revenons à la bénédiction des nouvelles cloches , le 19 janvier 1913 : Mr le curé CHATELLIER poursuit : « Nous étions donc les seuls à n’avoir qu’une modeste petite cloche. Monsieur l’Abbé NOURRY acheta l’horloge que tous désiraient…. Aujourd ’hui, les paroissiens ont voulu ces cloches. Les Jardiniers se sont cotisés. Messieurs les propriétaires ont ouvert leurs bourses…. C’est ainsi qu’ils ont pu, tous ensemble, fournir la somme demandée par Monsieur BOLLEE, fondeur au Mans. Du travail qu’il a fait, vous avez admiré l’harmonie des sons que vous avez entendus… A lui, tous nos remerciements.  Merci à votre Grandeur d’être venu pour accomplir cette cérémonie du baptême des cloches. » Ces 3 cloches, baptisées par Mgr Pierre Emile ROUARD, portent les jolis prénoms : pour la plus grande, « HENRIETTE EMILIENNE », sans doute en l’honneur de Mr Henri LeLasseur de RANZAY , généreux donateur et petit fils du fondateur. pour la moyenne : « MARIE JOSEPH PIERRE » pour la plus petite : «  DONATIENNE JULIETTE » Alors, l’abbé CHATELIER , de la même plume pleine de verve, de conclure son allocution : « Et maintenant, Ô jeunes cloches, notre paroisse est attentive. Vos premiers sont lui seront doux. Que votre voix partout arrive ! Portez la joie au cœur de tous ! » Il y a quelques années, la Ville de Nantes remit en état et en route l’horloge et son imposant mécanisme. Le clocher a repris sa mission : marquer les heures de notre temps. Juillet 2008, la foudre a frappé à nouveau le clocher occasionnant des dégâts électriques importants : à ce jour, la paroisse – donc l’église St Joseph –bénéficie du « tout électronique » ! Mais on ne peut pas visiter ce modeste clocher : l’accès en reste encore dangereux…. En ces temps de Carême et de Fêtes Pascales, où les cloches occupent une belle place, rappelons – nous aussi notre enfance, « quand les cloches allaient à Rome…» Pour la plus grande joie des petits, elles ramenaient es œufs, des vrais, décorés ou teints, voire en chocolat… 2010 : Henriette – Emilienne, Marie Joseph Pierre, Donatienne-Juliette sont toujours là… Et elles nous accueilleront dans la joie de Pâques pour chanter à leur façon : « Alléluia, Christ est Ressuscité ! Alléluia, Christ est vivant ! »